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Robin Ticciati & SCO - Brahms: The Symphonies - ResMusica

Pour célébrer la fin de son mandat de directeur musical du Scottish Chamber Orchestra, Robin Ticciati revient à Brahms avec cette intégrale de ses symphonies. Cette synthèse du travail effectué avec l’orchestre depuis dix ans apporte un regard neuf, plus chambriste, sur ce monumental corpus symphonique.

Cette lecture, bien sûr, diffère des grandes interprétations historiques de référence, car plus chambriste, en parfaite adéquation avec les forces instrumentales réduites de la phalange écossaise qui a déjà enregistré ces symphonies sous la direction de Sir Charles Mackerras en 1997 (Telarc). Une interprétation plus allégée, s’appuyant sur la tradition de la cour de Meiningen où Brahms dirigea la création de sa Symphonie n° 4 en 1885. Sans perdre de sa force, ni de son fort potentiel d’évocation, l’interprétation se caractérise par ses couleurs, sa clarté dans l’organisation des plans sonores, sa souplesse dans le phrasé, sa transparence dans la texture, son attachement aux détails du texte et son équilibre.

La Symphonie n° 1 composée en 1876, contemporaine de la création du Ring wagnérien, s’inscrit toutefois dans la droite lignée de Beethoven. La direction de Robin Ticciati y remporte immédiatement notre adhésion par l’intensité du discours, la dynamique tendue, comme par la beauté de la sonorité des vents (trombones de petit calibre et cors viennois du XIXe siècle) ou le lyrisme des cordes du SCO.

La Symphonie n° 2, composée un an plus tard, confirme chez Brahms à la fois son attachement au classicisme, et l’affirmation d’une sombre puissance nordique caractéristique. Se déployant dans un climat plus pastoral, elle possède une parenté étroite avec la Symphonie n° 1, que rappelle le chef britannique par sa direction contrastée. Nouvelle occasion pour la phalange écossaise de faire valoir l’excellence de ses vents et de ses cordes graves.

La Symphonie n° 3, plus tardive, composée en 1883, fut souvent comparée à l’Héroïque de Beethoven. Comparaison sans doute abusive, notamment dans cette configuration utilisant un instrumentarium réduit où elle apparaît parée d’une olympienne sérénité. On regrettera, néanmoins, une surprenante baisse de régime dans l’Andante et, pour une moindre part, dans le célèbre troisième mouvement Poco Allegretto, avant que l’Allegro ne renoue avec une avancée conquérante parfaitement menée, précédant une conclusion méditative éminemment brahmsienne.

La Symphonie n° 4, tourmentée, fougueuse, rude et colossale, critiquée voire décriée, inspira quelques années plus tard Antonín Dvorák dans sa Symphonie du Nouveau monde et son Concerto pour violoncelle. Le chef en dégage de manière lumineuse tout le charme des deux premiers mouvements, la vitalité du troisième, ainsi que la richesse et l’envergure des trente-cinq variations sur un thème de Bach de l’Allegro final.

Une très belle interprétation, passionnante, originale et audacieuse dans l’importante discographie consacrée aux quatre symphonies de Brahms. Après une réussite avec l’orchestre symphonique de Bamberg (1 CD Tudor, Clef ResMusica) Robin Ticciati parvient, ici, à tirer le meilleur de l’excellent SCO, avec une mention particulière pour les admirables vents. Un jeune chef surdoué à suivre…

ResMusica
07 June 2018