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Scottish Ensemble - Debussy & Takemitsu - ConcertoNet.com

Jonathan Morton, directeur artistique et premier violon solo du Scottish Ensemble (fondé en 1969), propose un programme avec en alternance des pièces de Debussy et Takemitsu, les premières arrangées et les secondes directement écrites pour orchestre à cordes. Le Japonais, maître du son et de la couleur et en partie autodidacte, voyait en Debussy son premier mentor, ce qui explique la présence des deux compositeurs au même programme. Le Scottish Ensemble emporte avec beaucoup de conviction et de ferveur le Quatuor à cordes de Debussy dans l’excellente transcription de Morton, qui met à l’esprit celle de La Nuit transfigurée de Schönberg. Bien que rien ne puisse remplacer la beauté absolue de l’original, ce quatuor étendu est sans doute le meilleur moment du programme. Mordante et énergique, la transcription maintient toute la transparence des textures dans les mouvements vifs, la dynamique constante, et l’Andantino, nimbé de mystère, garde sa douce expressivité. Les arrangements des deux pièces à l’origine pour piano n’atteignent pas la même hauteur. Trop nostalgiquement impressionniste, «La Fille aux cheveux de lin» (Préludes) de Colin Matthews (pour lequel l’Ensemble s’adjoint deux harpes) perd la fraîcheur de sa poésie délicate et «Jimbo’s Lullaby» (Children’s Corner) de James Manson privilégie la berceuse sur la saveur que Debussy octroie à son «interprète». Viennent en alternance les deux brèves pièces pour cordes de la suite Three Film Scores (1994) que Takemitsu, tira de ses très nombreuses musiques de film. L’effectif augmenté, l’Ensemble interprète avec beaucoup de sensibilité la tragique «Funereal Music», extrait du film Pluie noire situé à Hiroshima (1989, Imamura), réservant un vif allant à la «Music of Training and Rest», aux rythmes musclés et élastiques, extrait de José Torres (1959, Teshigahara). Dédiée à Yehudi Menuhin, soliste à la création à Edimbourg par l’ensemble écossais en 1987, le thrène Nostalghia, écrit à la mémoire d’Andrei Tarkovski, procède par triades superposées, souvent en crescendo, traversées ou dominées par la ligne expressive du violon plus harmoniquement et techniquement aventureuse. Les musiciens, toujours dynamiques, évitent l’écueil des nébulosités sentimentales, présentes lors de certaines autres interprétations sans faire partie des intentions du compositeur.

ConcertoNet.com
17 August 2016