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Busch Trio - Schubert: Trio Opus 100, Sonatensatz & Notturno - Diapason

Remarqués pour leur musicalité assurée dans les trios, quatuors avec piano et quintettes de Dvorak (cf. nos 649, 662, 671 et 680), les Busch s’emparent du Trio en mi bémol majeur (1827) de Schubert avec une impétuosité volontiers musclée. Une lecture exaltante et palpitante là où elle semble impatiente : entre crescendos gigantesques, élan aérien et plages magnifiquement rêveuses, l’exposition de l’Allegro enchaîne les idées sans l’ombre d’un temps mort, comme si le compositeur s’était empressé de les noter par peur de les oublier. De terribles fortissimos déchirent aussi l’Andante con moto, par ail- leurs subtilement articulé et magnifiquement chanté.

Au milieu du scherzo, les accents appuyés du trio rustique attestent la même puissance tragique, mais le finale reste le plus marquant. L’interprétation entière paraît pensée en fonction de cet Allegro moderato démesuré. D’abord espiègles, ses fulgurances virtuoses sonnent bientôt comme une course à l’abîme. De la même manière, les retours du thème de l’Andante sont amorcés sans césure ni ralentissement, annonçant un drame existentiel aussi épique qu’étourdissant.

Le disque pourrait presque s’arrêter là. Mais, outre une page de jeunesse à la coupe plus classique qu’ils tirent vers le romantisme, les Busch glissent le Notturno contemporain de l’Opus 100. Leur vision impressionne également par ses moments grandioses : tendres et vibrants lorsqu’ils rêvent, les trois complices ouvrent grand les fenêtres dans les sections plus effusives. Et avec quelle noblesse !

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Diapason
01 December 2020