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Giuseppe Tartini - Palladians - ClassicsToday France

Le Palladian Ensemble -- formé à présent du violoniste Rodolfo Richter, de la gambiste Susanne Heinrich, du claveciniste Silas Standage et de William Carter à l'archiluth et à la guitare -- est un pilier du catalogue Linn, à la fois comme groupe ou dans des enregistrements individuels (Carter pour un disque de guitare espagnole, Richter pour un CD consacré à Philipp Heinrich Erlebach).

Dans ce disque, l'ensemble, dont le disque le plus connu chez Linn est celui des Saisons amusantes de Chedeville, se nomme simplement "Palladians". Mais ce qui compte, c'est la musique et son rendu interprétatif, d'une qualité exceptionnelle. Cette qualité porte sur deux points majeurs, la sensibilité harmonique et la justesse. On ne cherchera pas ici trop d'exubérance italienne. Mais tout comme Trevor Pinnock grava jadis une grande version des Quatre Saisons de Vivaldi (Archiv) -- et sans parler des excellents Vivaldi de Neville Marriner -- la "manière anglaise" dans Vivaldi peut être très recevable. C'est cette manière que les Palladians imposent ici: beauté instrumentale, soin des équilibres et, au dessus de tout, une écoute mutuelle d'une complicité totale et permettant de doser l'infinitésimal (en dynamique comme en superpositions harmoniques).

La justesse de l'instant prend donc le pas sur le geste musical. Cette grâce touche aussi le preneur de son. Linn, qui nous a déçu au plus haut point dans sa captation sonore du SACD de Pamela Thorby et Andrew Lawrence-King, retrouve ici son plus haut niveau (les timbres!, le dosage des instruments!, le positionnement des sources sonores!). Des exemples: un parmi d'autre pourrait être la Sonate Didone abbandonata, avec un second mouvement (presto mimant dune Didon furieuse) et le sublime Finale. Pas besoin de la voix humaine pour tout décrire: les subtiles inflexion du violon de Rodolfo Richter y parviennent si bien...

Un maître-disque d'une perfection jamais stérile, qui montre que le bon goût vaut parfois bien mieux que l'emportement ou la quête du spectaculaire. Sa conclusion est à l'image du reste: un Grave en ré mineur, où la viole pend la parole, comme un adieu après une grande heure de musique.

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ClassicsToday France
11 August 2008