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JS Bach Matthew Passion - Dunedin Consort - Pizzicato

Chef-d'œuvre absolu, qui est d'ailleurs à l'origine de toute la renaissance baroque, la Passion selon Saint Matthieu bénéficie d'un énorme engouement populaire et discographique. La grande particularité de cet enregistrement est de renoncer aux traditionnelles masses chorales au profit d'un ensemble vocal soliste. En effet, il est de notoriété que le grand Cantor de Leipzig n'avait à sa disposition qu'un effectif vocal très réduit et souvent encore de petite force. En optant pour un chœur de solistes, John Butt restaure l'equilibre originel entre les solistes, l'orchestre et le chœur tel que Bach le vivait au quotidien et qui conditionnait la composition de l'œuvre.

Le constat le plus important de cette expérience est en fait la balance parfaite qui existe entre ces trios protagonistes et qui se vit ici sans la moindre contrainte. La plasticité du contrepoint s'en trouve accrue: l'on peut faire dialoguer choeur(s) et soliste(s) sans devoir forcer sur les uns ou freiner les autres. Toutes ces différentes masses sonores se trouvent sur un parfait pied d'egalité. Le seul point qui nous interpelle vraiment, et qui demande encore un certain temps demande encore un certain temps d'accoutumance, c'est la légèreté de certains chœurs de foule, que l'on a trop l'habitude d'entendre ‘vociférer' par les grandes masses chorales ‘Lass ihn kreuzigen!' et qui perdent ici toute leur agressivité acerbe. Mais cette ‘non-agresivité des chœurs s'inscrit parfaitement dans la conception globale de cette interprétation qui, et c'est un autre point fort important, renonce aux lourdeurs du 16' instrumental au profit d'un violone (12') dans chacun des deux orchestres. Le vision de John Butt est donc presque parfaitement authentique. A ce stade de curiosité historique, il aurait peut-être dû faire appel à des sopranos de garçons pour les deux chœurs et il aurait eu l'effectif exact, tel qu'il était à la disposition du Cantor à Leipzig.

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Pizzicato
29 August 2008