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Le Banquet Céleste & Damien Guillon - P.H. Erlebach: Lieder - Musikzen

Composés à l’orée de XVIIIe siècle, les deux volumes des Harmonische Freude Musicalischer Freunde (Plaisirs harmoniques des amis musiciens) rassemblent soixante-quinze « arias morales et politiques avec les ritournelles correspondantes » : lieder intégrant des interventions « d’instruments obligés dans la partie vocale ». Si la quasi-totalité de l’œuvre de Philipp Heinrich Erlebach (1657-1714), maître de chapelle de Rudolstadt, partit en fumée dans un incendie, le musicien allemand renaît grâce au Banquet Céleste qui lui consacre un album entier avec huit lieder et deux sonates en trio – extraites d’un recueil en comprenant six publié à Nuremberg. D’emblée, on ne peut qu’être frappé par le caractère dramatique de ces arias qui semblent sorties d’opéras, du superbe lamento Penser vraiment à sa détresse va provoquer des flots de pleurs à l’élégie grandiose et intime de Grâce à la constance l’amour fleurit dans l’absence, en passant par le style délicatement ornementé soutenu par cinq instruments de Celui qui se confie au ciel trouvera enfin paix et bonheur et la plainte de Malheurs et fardeaux ne font ici jamais défaut. Le contre-ténor Damien Guillon honore cette musique par son sens raffiné et varié de l’expression qui va de pair avec le choix d’un accompagnement restreint à cinq instrumentistes solistes. Je ne trouve guère de plaisir à l’insensibilité, comme l’écrivait Erlebach qui concluait par : « Là où mon oreille perçoit quelque douce mélodie, aussitôt mes pas m’y conduisent » – un chemin qui désormais mène au généreux Banquet Céleste.

Musikzen
20 July 2021