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The Orchestra of the Americas - Pan-American Reflections - Diapason

Créé en 2001, « L'Orchestre des Amériques » réunit des musiciens de moins de trente ans et de vingt-cinq nationalités différentes, un peu à la façon d'un Mahler Chamber Orchestra d'outre-Atlantique. Carlos Miguel Prieto (« chef de l'année 2019 » pour Musical America) en est l'actuel directeur musical, Placido Domingo le conseiller artistique. Toute panaméricaine qu'elle est, c'est en Pologne, au Genre européen Krzysztof Penderecki de Luslawice, que la phalange a été enregistrée sur le vif.

Le programme unit deux compositeurs amis, qui entretinrent une longue correspondance, se défendirent l'un l'autre - et étaient aussi de grands chefs d'orchestre. Copland a commencé sa Symphonie no 3 au Mexique, quand Chavez écrivait la Sinfonia india à New York. Elles ont été créées à dix ans d'intervalle par le même Boston Symphony (1936 et par l'auteur pour la Sinfonia india, 1946 et par Koussevitzky pour la 3e).

Le style volontaire et coloré de Carlos Miguel Prieto accentue ces proximités. La Symphonie no 3 de Copland constitue l'un des authentiques chefs-d'œuvre de la musique nord-américaine du siècle dernier, en même temps qu'une formidable synthèse des différents visages de son auteur. La vision du maestro se signale par son élan juvénile, la tension bien gérée du geste, qui lui fait habiter tant l'élégie (Molto moderato, Andantino quasi allegretto : belle finesse des cordes, expressivité des bois) que le drama (la progression qui mène l'Allegro molto à son sommet, l'irruption de la Fanfare for the Common Man au début du dernier mouvement).

Prieto et son jeune orchestre sont particulièrement vifs, exubérants même, dans le Molto deliberato conclusif. La puissance gymnique de Copland lui-même (Everest, Sony) ou de Bernstein (Sony, DG) est ici inapprochable... mais nos interprètes sont sur la bonne voie.

Leur ferveur est tout aussi bienvenue dans la Sinfonia india- sa brièveté marque la principale différence avec la 3e. Prieto lui confère une puissance sombre et chaleureuse négociant avec fluidité les nombreux pièges rythmiques de la partition. Il en éclaire le mystère (section centrale) tout en maintenant une pulsation irrésistible, et libère sans effort le foisonnement de la conclusion. S'il n'a pas dans ce type de la conclusion. S'il n'a pas dans ce type de répertoire le brillant d'un Gustavo Dudamel - la prise de son a sans doute sa part de responsabilité-, il le « sent » et le vit avec sincérité.

Diapason
01 July 2019