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Patricia Kopatchinskaja & Camerata Bern - Plaisirs illuminés - Diapason

Sa Musica concertante (1965-1966) ayant été écrite pour eux, Veress fut prié par les musiciens de la Camerata Bern de simplifier l’Action finale, dont les polyrythmies leur semblaient trop complexes. Le compositeur refusa, « afin que les interprètes soient obligés de travailler ses œuvres de manière intensive ». Les douze archets solistes en dessinent ici le réseau de nervures avec plus de finesse que sous le geste de Heinz Holliger en 1993 (ECM), mais sonnent aussi plus lourdement au début de l’Improvisation initiale. Electrisés, Patricia Kopatchinskaja et ses partenaires y font ensuite des étincelles. Pas sûr, en revanche, que l’aridité visée dans la Meditation centrale appro- fondisse le message. L’investissement exalté des Bernois impressionne également dans les variations qui ouvrent le Concerto pour cordes (1966) de Ginastera. Après un Scherzo fantastico riche en effets (pizzicato glissando et autres joyeusetés), certains sursauteront de les entendre crier de rage pour conclure le Furioso. Ce n’est pas de Baudelaire mais de Dali que se réclament Les Plaisirs illuminés (2018), double concerto de Fransisco Coll taillé sur mesure pour « Pat’Kop ». L’œuvre se présente comme une version amplifiée de Rizoma (2017), duo déjà écrit pour la violoniste et son amie Sol Gabetta, qui ferraillent ici d’égale à égale. Le compositeur espagnol fait surtout son original en confiant à sa muse onomatopées, grimaces, rires et postillons dans LalulaLied, miniature réservée aux oreilles averties. Nous lui préférons la verve déployée dans la Ballade et danse de Ligeti.

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Diapason
01 March 2021